Le parquet espagnol a officiellement assigné le FC Barcelone en justice dans le cadre de l’affaire Negreira, l’un des scandales les plus retentissants de ces dernières années dans le football européen. Le club catalan est soupçonné d’avoir versé des paiements à José María Henríquez Negreira, ancien vice-président de la commission technique des arbitres, à travers des sociétés écrans.
Selon les informations rapportées par le journal AS, la justice a exigé que le FC Barcelone présente les contrats originaux signés avec les entreprises Dasnil 95 SL et Nilsad SCP, toutes deux liées à Negreira. Le juge a pris cette décision à la demande des autorités espagnoles, souhaitant vérifier la nature exacte de ces accords et la justification de plusieurs transactions financières suspectes. La représentante du club, Elena Fort, vice-présidente du Barça, sera présente à l’audience prévue le 27 janvier. Cette convocation marque une nouvelle étape dans une procédure qui pourrait profondément ébranler la direction du club.
L’affaire Negreira remonte à plusieurs années, mais ce n’est qu’en 2023 qu’elle a pris une tournure judiciaire majeure. Les enquêteurs ont découvert que le FC Barcelone avait effectué, entre 2001 et 2018, plusieurs versements totalisant plusieurs millions d’euros à des sociétés appartenant à José María Henríquez Negreira. Officiellement, ces paiements étaient présentés comme une « prestation de conseil technique sur l’arbitrage », mais les procureurs soupçonnent une tentative d’influence sur les décisions des arbitres, voire une corruption institutionnelle systémique.
Ces révélations ont provoqué une onde de choc dans le monde du football. L’image du Barça, symbole du jeu propre et du « més que un club », a été ternie. Le ministère public a ouvert une enquête pour corruption, abus de confiance et falsification de documents commerciaux. Au fil des mois, de nouveaux éléments ont émergé : plusieurs anciens dirigeants du club, y compris des membres du conseil d’administration, ont été interrogés. Des relevés bancaires ont montré des transferts répétitifs et inexpliqués. Les enquêteurs affirment que les paiements se poursuivaient même lorsque Negreira avait quitté ses fonctions officielles, ce qui renforce les soupçons.

En 2025, l’affaire est entrée dans une phase décisive, avec la convocation de Joan Laporta, actuel président du club, ainsi que des anciens entraîneurs Luis Enrique et Ernesto Valverde. Tous trois devront témoigner sur la période durant laquelle ces paiements ont eu lieu et sur leur connaissance du dossier.Les implications de cette procédure sont considérables. Si la justice espagnole démontre que le FC Barcelone a effectivement tenté d’influencer les arbitres, les conséquences pourraient être catastrophiques pour le club — non seulement sur le plan financier, mais aussi sportif et moral.
Les accusations de corruption dans le sport peuvent entraîner des sanctions lourdes : suspension des dirigeants, amendes colossales et, dans les cas extrêmes, exclusion temporaire des compétitions européennes. L’UEFA a déjà fait savoir qu’elle suivait l’évolution de l’enquête avec attention et qu’elle se réservait le droit d’intervenir si une condamnation venait à être prononcée. Du côté du club, la défense reste ferme. Joan Laporta et son équipe juridique affirment que tous les paiements effectués à Negreira étaient « légaux et documentés », visant uniquement à obtenir des rapports d’analyse arbitrale afin d’améliorer la préparation de l’équipe. Le président du Barça a répété publiquement que le club n’a « jamais acheté d’arbitres » et qu’il s’agit d’une campagne destinée à nuire à son image.
L’affaire Negreira dépasse désormais le cadre du FC Barcelone. Elle pose des questions profondes sur la transparence du football espagnol et le rôle des instances d’arbitrage. Les supporters, les dirigeants de la Liga et même certains anciens arbitres demandent une réforme structurelle du système afin d’éviter de nouveaux scandales. Le président de la Liga, Javier Tebas, a déjà évoqué l’affaire à plusieurs reprises, appelant à « une justice rapide et exemplaire ». Il a également insisté sur la nécessité de séparer totalement les intérêts économiques et institutionnels des clubs de ceux des arbitres.
De son côté, la Fédération espagnole de football (RFEF) tente de restaurer la confiance du public. Un audit interne sur les relations entre clubs et arbitres a été lancé. L’objectif : prouver que les décisions arbitrales récentes ne sont pas influencées par les événements du passé. Mais dans les tribunes comme dans les médias, la défiance reste forte. Pour beaucoup, ce scandale rappelle d’autres affaires qui ont entaché le football européen, où argent et influence semblaient parfois peser plus lourd que le jeu lui-même.
